On reprend contact avec Marc-Henri Boydron (PGE 1991) créateur de Cyber Cover
Marc-Henri n'aime pas trop parler de lui. Mais, attaché à la "famille ICN", il a accepté de se prêter au jeu des questions réponses pour partager son expérience, notamment celle de la création de Cyber Cover.
Du tabac aux assurances, en passant par la cosmétique et les produits de sport, la carrière de Marc-Henri a été marquée par une passion pour la création -qu'il s'agisse de produits ou d'entreprises. Avec en fil rouge, le choix de vivre sa vie comme une aventure et se laisser guider par ses envies.
Qu'es-tu devenu après ICN ?
A la sortie d'ICN, j'ai travaillé pendant sept ans chez Bolloré, en commençant par un VSNE en Afrique. A la fin, Directeur marketing Groupe, je décide de "sortir" du marché du tabac.
Je m'intéresse alors au papier matifiant poudré, un produit très populaire en Asie et utilisé pour éliminer les zones de brillance sur le visage. C'est ainsi que je crée, avec un associé ma première entreprise, Lorience Paris. Nous avons déposé un brevet qui a été revendu au groupe Bolloré en 1998.
Je décide alors de redevenir salarié, afin de profiter des moyens d'une grande structure en matière de création de produits. Je rentre ainsi en tant que Directeur Marketing Europe chez Bushnell, une entreprise américaine, leader mondial de l'optique de loisirs. Bushnell est notamment réputé pour ses produits optiques de haute précision pour les loisirs outdoor, tels que les jumelles, mais vient de procéder au rachat de marques solaires (Bollé, Serengeti). Je supervise les ventes et le marketing pour l'Europe, anime une équipe de chefs de produits sur le sport et l'Outdoor. Ce fut une superbe expérience avec un vaste terrain de jeu et de belles innovations : lancement des premiers casques de ski sous la marque Bollé, sponsoring de Tony Parker avant qu'il ne devienne intouchable et un partenariat lunettes avec Alain Prost.
En 2008, je rencontre un spécialiste du courtage en assurance qui m'annonce son souhait de créer un groupe de courtage spécialisé. Il est seul quand il me raconte cela. Je décide de quitter Bushnell et mon petit confort pour démarrer une nouvelle aventure dans les assurances et réapprendre un nouveau métier, dans un bureau de 12 mètres carrés. En 2022, Finaxy est devenu le 10ème courtier français et emploie plus de 350 personnes !
Cette expérience m'a montré que tout est possible et que l'innovation permet de faire la différence avec des acteurs établis. Nous avons lancé des produits d'assurance de niche, comme Animaux Santé qui est un des principaux acteurs de France de l'assurance santé animale. J'ai appris en avançant et c'est ainsi que j'ai créé, pour les besoins du groupe, un centre d'appel.
En 2018, je décide de quitter Finaxy et quelques mois plus tard crée Cyber Cover, spécialistes de l'assurance des risques cyber des entreprises.
Tu nous racontes l'aventure Cyber Cover ?
Avec Cyber Cover, c'est la première fois que je crée une entreprise en solo. J'ai envie de faire quelque chose en quoi je crois, sans être salarié. En 2018, les entreprises ont conscience des risque de cyber attaques, avec une cybercriminalité qui professionnalise et industrialise de plus en plus ses attaques.
La promesse initiale de Cyber Cover était de simplifier l'accès à une offre de cyber assurance. Les débuts sont difficiles car le marché est naissant, et parce que dans le domaine de l'assurance, le recrutement des clients est un long process, qui ne débouche sur des revenus que l'année suivante. Je suis sans doute arrivé un peu tôt sur ce marché...Il faut savoir être patient. Le Covid a servi d'accélérateur d'activité : avec le télétravail, les systèmes informatiques sont ouverts et d'autant plus exposés.
Le côté fantastique du secteur de l'assurance, c'est que la fidélisation est grande et que tu peux donc prévoir avec quasi certitude quel sera ton chiffre d'affaires minimum pour l'année suivante, et gérer ton activité en conséquence. En 2021, j'ai commencé à recruter. Aujourd'hui, nous sommes quatre avec une cinquième personne prévue en fin d'année.
Le positionnement initial de Cyber Cover a dû être revu. Je me suis rapidement aperçu que de nombreuses entreprises, compte tenu de leur absence de maturité dans le domaine du cyber risque, n'étaient pas assurables. Nous avons donc adapté notre offre et décidé d'accompagner les entreprises de A à Z avec un positionnement unique en France pour le moment qui nous permet de nous démarquer.
Nous mettons le risque cyber au coeur de notre démarche et abordons nos clients de la façon suivante :
- nous réalisons un audit technique qui nous permet d'évaluer leur exposition aux risques numériques ;
- nous effectuons un travail de mise en conformité afin de rendre assurables des organisations qui manquent de maturité en termes de cyber sécurité. Nous les accompagnons et les aidons à monter en compétences pour plus de cyber sécurité ;
- nous jouons ensuite notre rôle de courtier en assurance cyber en sélectionnant la meilleure offre d’assurance auprès de nos compagnies partenaires.
Aujourd'hui nous assurons tous types de clients, de la petite à la grande entreprise en passant par des communautés urbaines ou autres organismes publics.
Quelle est la plus-value de Cyber Cover ?
Quand Cyber Cover a été créé, quelques compagnies d'assurance proposaient des assurances sur ce marché. Cependant, elles manquaient de connaissances dans le domaine du risque numérique, les contrats n'étaient pas adaptés. Au final, beaucoup ont perdu de l'argent avec un trop grand nombre de risques à assurer. En 2021, les compagnies d'assurance sont devenues de plus en plus sélectives, refusant d'assurer certaines entreprises.
La force de Cyber Cover réside dans notre compétence technique et dans notre capacité à accompagner nos clients dans la gestion de leur risque cyber.
Notre savoir-faire technique et nos outils nous permettent de cartographier leurs points de vulnérabilité. Ils peuvent alors renforcer leur cyber sécurité et devenir assurables.
Nous avons aussi pour nos clients des outils de prévention des risques tels que des solutions permettant de réaliser de fausses campagnes de phishing.
Tes conseils aux personnes qui souhaiteraient se lancer ?
- A tout jeune ou jeune entrepreneur, j'ai envie de partager ce conseil que je donne à mes trois enfants :
Suis tes envies et vis ta vie comme une aventure
Lorsque j'ai créé Cyber Cover, nombre de mes proches m'ont traité de fou, persuadés que créer une entreprise à cette étape de ma vie était trop risqué. Je pense que pour se lancer, il faut être un peu inconscient, ne pas avoir peur de travailler, accepter la remise en question...Et un peu de chance aussi. Mais si l'on y croit, il faut se lancer, suivre ses envies, sinon on s'expose à regretter pour le restant de ses jours de ne pas l'avoir tenté.
- Faire confiance à ses intuitions et persévérer
L'activité peut prendre du temps à démarrer, il y a une période difficile où on ne voit pas encore de résultats encourageants. C'est une période délicate où l'on peut perdre confiance. Si l'idée est bonne et que le marché est prêt, ça devrait fonctionner. Pour Cyber Cover, comme je l'ai dit, le coup de pouce accélérateur a été le Covid et le développement du télétravail. Mais il y avait réellement un besoin, l'intuition était bonne, le marché est en forte croissance aujourd'hui.
- S'adapter
C'est en prospectant au début de l'activité de Cyber Cover que je me suis aperçu que certaines entreprises manquaient réellement de compétences en matière de risques numériques et avaient encore beaucoup de chemin à parcourir en termes d'organisation pour faire face à des cyber attaques. C'est ce qui m'a permis de revoir mon positionnement et mon offre. Une bonne intuition de départ ne suffit pas si l'on ne sait pas s'adapter au contexte.
- Se nourrir de ce qu'on connaît, s'appuyer sur ses compétences
En ce qui me concerne, ce n'est pas un hasard si je me suis lancé dans l'assurance. C'est mon expérience d'une dizaine d'années dans ce domaine qui m'a servi de socle pour créer Cyber Cover.
Qu'est-ce qui te plaît/te déplaît dans l'entrepreneuriat ?
Finalement, il y a peu de choses qui me déplaisent. Ce qui me plaît le moins c'est de gérer les absences aléatoires des salariés.
Au global, c'est vraiment une aventure qui m'a comblé de satisfactions :
- Créer des produits qui apportent quelque chose, une innovation. La joie d'avoir eu l'intuition, d'être à l'origine d'une idée et d'être allé jusqu'au bout, de l'avoir réalisée. La satisfaction de voir également des produits qui restent -certains des produits que j'ai créés au début de ma carrière sont encore commercialisés.
- Pouvoir faire le choix assumé de soigner mes clients / de leur offrir une large gamme de services, au détriment peut-être d'un peu de rentabilité.
- Apprendre, faire des expériences nouvelles - comme lorsque j'ai monté à partir de rien un centre d'appel. Je me nourris également beaucoup au contact de start-ups.
- Appliquer le mode de management de mon choix. Etre mon propre patron n'est pas vraiment une motivation pour moi, car j'apprécie un mode de management collaboratif. De la même manière, ma motivation principale n'est pas l'argent car je crois à une juste répartition des bénéfices dans l'entreprise.
- Avoir une grande liberté de parole, de pensée et d'action. Créer son entreprise, cela permet d'avoir cette liberté-là. Mais finalement, je pense que c'est une liberté qu'on peut s'accorder, même en entreprise, et dans mon cas, cela m'a toujours servi.
- Etre reconnu comme un expert. Pour Cyber Cover, cela s'est concrétisé par des sollicitations de la presse et des invitations à des salons professionnels.
Bravo "Marco" pour ton parcours, longue vie à Cyber Cover et merci pour cet entretien.
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